Publié le lundi 19 novembre 2018
Hélène Mannarino : « Mon secret ? Du travail et un peu de culot »
Présentatrice de l’émission Appels d’urgence sur TFX depuis la rentrée 2018 et chroniqueuse « Carte Blanche » sur LCI, Hélène Mannarino est l’un des visages montant du groupe TF1. Elle revient sur son parcours et sa vision du journalisme.
D’où vient votre passion pour le journalisme ?
Elle est arrivée assez tôt. A 8/9 ans déjà, j’étais très curieuse quand je voyais les journalistes interviewer les acteurs au festival du film de Valencienne. Je me demandais pourquoi on leur posait des questions et comment ça se passait. J’ai aussi toujours baigné dans les informations. Mon père lisait tous les jours La voix du Nord et il ne fallait pas le déranger ! Nous allions aussi en famille assister aux enregistrements des émissions « On ne peut pas plaire à tout le monde », présentées par Marc-Olivier Fogiel. J’étais émerveillée de découvrir les coulisses d’une émission. Je prenais secrètement des notes et avais même envie d’aller creuser des sujets. Une fois que j’ai mis le pied dans le journalisme, c’est devenu une addiction pour moi.
Comment êtes-vous devenue journaliste ?
En parallèle de mes études à l’université, j’ai travaillé au standard de RTL où j’ai rencontré Jean-Michel Apathie qui m’a ensuite fait entrer à la rédaction du Grand Journal. C’est à ce moment que j’ai eu envie d’intégrer une école de journalisme. Même si c’est un métier qui s’apprend sur le terrain, j’avais besoin d’avoir les bases. D’autant que dans les écoles, les professeurs sont des journalistes qui connaissent le métier. C’est là-bas que l’on fait les meilleurs rencontres et méthodes d’apprentissage possibles.
A l’IEJ Paris, nous avions cours seulement le matin ou l’après-midi, ce qui m’a permis de faire un stage de 6 mois à Canal +. La nouvelle édition m’a alors proposé un contrat de journaliste avant même que j’obtienne mon diplôme. Magali Bonavia, la directrice de l’école, m’a beaucoup aidé à faire un choix et m’a dit que je ne pouvais pas refuser la proposition. Les places sont trop chères pour les refuser. Pour obtenir mon diplôme, il me suffisait de faire une validation des acquis d’expérience (VAE) quelques années plus tard. C’est ce que j’ai fait.
A 28 ans, votre CV est déjà bien rempli. Quel est votre secret pour réussir ?
En un mot, le travail ! J’ai beaucoup travaillé en commençant au standard de RTL. Je me levais le matin à 5 heures pour enchaîner avec une journée complète. Il faut aussi avoir un peu de culot. Il ne faut pas avoir peur de montrer qu’on est là, de frapper aux portes pour dire ce que l’on veut faire et qu’on est disponible pour le faire.
C’est ce que j’ai fait notamment avec Jean-Michel Apathie. Un jour, j’ai frappé à son bureau et je lui ai dit que je voulais apprendre et que j’aimerais faire un stage au Grand Journal. Il a été surpris parce qu’il ne me connaissait pas mais j’ai insisté et c’est ce qui a fait la différence. J’ai dû passer 5 entretiens avant de rentrer dans la rédaction. Ça aurait pu ne pas marcher mais je n’avais rien à perdre. Commencer sa carrière peut parfois se jouer à rien. C’est comme une bille sur la table : il suffit d’un léger coup pour la faire bouger et avancer toute seule.
Vous présentez depuis la rentrée Appels d’urgence. Comment reprend-on l’animation d’une émission qui existe depuis 20 ans et qui n’avait plus d’animateur depuis 5 ans ?
C’est une émission que j’ai toujours beaucoup aimée parce qu’elle met en avant des hommes et des femmes aux quotidiens extraordinaires. Elle est très humaine et il est donc logique de l’incarner avec un animateur. Autrefois, ce poste était occupé par une grande journaliste, Carole Rousseau. Je suis donc très fière de prendre la succession. D’autant que cette nouvelle mission est très complémentaire avec ma chronique Carte Blanche où je place l’humain au premier plan. Dès le début, j’ai souhaité ajouter ma touche personnelle en étant 100 % moi-même. Je veux m’investir pleinement en me déplaçant, allant à la rencontre des gens, parler avec conviction. Je suis fière de parler de ces gens et j’espère que ça se ressent.
– Assistante de Vincent Parisot à RTL
– Stage au Grand Journal avec Jean-Michel Apathie
– La nouvelle édition aux côté d’Emilie Besse et Ali Baddou
– Un soir à la Tour Eiffel avec Alessandra Sublet
– LabO sur France Ô avec Sébastien Folin
– Chroniqueuse au Grand 8 sur D8 avec Laurence Ferrari
– Il en pense quoi Camille sur D8 avec Camille Combal
– Chroniqueuse sur LCI avec Carte Blanche
– Journaliste-animatrice d’Appels d’urgence sur TFX
Sur Carte Blanche, vous vous occupez vous-même de la programmation et de la prise des rendez-vous. Comment réussit-on à faire venir des personnalités sur son plateau quand on est peu connu ?
C’est vrai qu’au début, c’était compliqué car j’avais peu de contacts avec les attachés de presse. Mais au fur et à mesure, quand ils ont vu que je travaillais bien mes sujets, que je lisais les livres, écoutais les albums et regardaient les films, que les interviews étaient bienveillantes, les prises de contacts sont devenues plus faciles. C’est très important d’établir des relations de confiance et de les entretenir. Par exemple d’envoyer un texto quand on a vu un film, de donner son avis, etc.
J’ai aussi réussi à ouvrir des portes que je ne pensais pas pouvoir ouvrir grâce à Juliette Binoche qui a accepté de venir sur le plateau au tout début de Carte Blanche. Nous avons chanté toutes les deux en direct et ça m’a permis d’avoir d’autres personnalités comme Jean Dujardin ou Nathalie Bail.
Avoir une chronique culture (Carte Blanche) d’un quart d’heure à la pause déjeuner, c’est un grand privilège…
C’est vrai que c’est rare et c’est pourquoi je suis très heureuse d’être sur LCI, la seule chaine d’informations qui donne la possibilité à la culture d’exister à 13h15. La culture est une information au même titre que la politique et on en a bien besoin aujourd’hui. C’est comme une respiration pour le public car l’actualité est parfois difficile, choquante, imprévisible et surtout triste. Il est important de redonner à la culture une place au centre.
Qui rêveriez-vous d’interviewer ?
J’aimerais bien inviter Jean-Jacques Goldman et Francis Cabrel. Ce sont des personnages très mystérieux et j’aimerais creuser un petit peu ce qui se trouve derrière eux. Ils font partie du patrimoine français et sont indémodables. Ils ont fait beaucoup de choses pour la chanson française et les Français en général. C’est excitant de recevoir des gens rares dans les médias. Il y a un vrai devoir de sortir des choses d’eux. Je rêverais aussi de recevoir Fabrice Lucchini parce qu’il est imprévisible sur un plateau TV. J’ai eu l’occasion de le voir en spectacle ; c’est un personnage tellement à part, unique. Mon émission étant en direct, ça m’intéresse de voir comment il réagirait. C’est un exercice complètement différent de ce que j’ai l’habitude de faire.
Un souvenir marquant dans votre carrière ?
Je retiens particulièrement mon premier direct. C’était au Grand 8 avec Laurence Ferrari er Roselyne Bachelot. Je devais faire une chronique entourée de ces deux grandes dames. C’est un moment que je n’oublierai jamais !
Il y a aussi des moments dans la vie d’un journaliste qui marquent comme le décès d’une personnalité. Je me souviens avoir couvert la mort de Johnny Hallyday. On m’a appelé à 2h45 du matin. On savait que ça allait arriver mais tant qu’on n’avait pas eu une dépêche de l’AFP ou un coup de téléphone, on ne pouvait rien faire. Je suis arrivée le plus vite possible au travail et on a couvert cette information jusqu’à 20 heures. Ce fut la même chose avec Charles Aznavour. Ce sont des moments très particuliers.
TFX, LCI… quelle sera la suite de votre aventure ? TF1 ?
Il y a toujours une prochaine étape mais je n’y pense pas et je ne calcule pas. Je suis pour l’instant très heureuse d’avoir deux émissions dans la plus grosse chaîne de télévision française. Ma mission actuelle est de les réussir. Pour le reste, on verra plus tard.
Enfin, auriez-vous un conseil pour les jeunes journalistes ?
En un mot : travaillez ! Cela peut prendre du temps pour arriver là où on veut aller, alors il faut avancer par étape. Votre carrière n’en sera que plus longue. Il y aura des moments compliqués mais il ne faut pas lâcher. Tant que vous resterez passionnés, tout ira bien ! C’est un métier où il y a tellement de possibilités, notamment avec Internet et les nouvelles technologies. Prenez votre téléphone et montrez de quoi vous êtes capables. C’est ce que j’ai fait : j’ai écrit un projet d’émission que j’ai tourné avec mon smartphone. Puis je l’ai montré en disant : « regardez ce que j’ai fait ». Il y a tellement de monde qu’il faut pouvoir se démarquer et faire la différence. Et ça marche avec beaucoup de travail, de la persévérance et du culot aussi. N’hésitez pas à relancer en permanence. Envoyez 3/4/10 mails s’il le faut. Au bout d’un moment, ça marche !
Propos recueillis par Mélodie Moulin